Tananarive, Madagascar, octobre 2019

Parfois il suffit d’un cadeau, d’un livre, pour faire germer une envie d’ailleurs et un jour altérer la trajectoire d’un voyage.

Madagascar.

Quatorze ans que je rêve ce moment. Arpenter cette terre rouge, voir se détacher la silhouette tranchante d’un zébu, s’arracher l’ombre épaisse d’un baobab aux horizons infinis des hauts plateaux.

Quatorze ans que j’espérait qu’il y ait un jour un bon moment pour vivre ce choc culturel, pour éprouver ma carapace de cellophane à la misère qui gronde, pour me laisser toucher par cette si grande altérité.

Quatorze ans d’autres destinations, de contre-temps et de multiples projets qui auraient pu avaler le rêve de ce pays.
Quatorze ans d’attente et pourtant ces dernières semaines j’ai eu peur et j’avais perdu l’envie.

Quatorze ans et aujourd’hui j’y suis. Derrière nous l’aéroport et sur le bord de la route déjà des images familières, le contraste du vert des rizières contre le rose tâchant de la terre, des hommes et des femmes courbés sur les travaux des champs, chapeaux de paille colorés sous le soleil tapant.
J’y suis.

Quatorze ans après avoir caressé les pages d’un livre et l’envie de ce pays, m’y voici. Et je suis émue.